Passionné(e) de mode depuis des années, vous souhaitez passer un cap et vous jeter dans la folle aventure d’une boutique de seconde main ? Vous contribuerez grandement à faire avancer un milieu porteur de sens et en pleine croissance. Mais quelles sont les démarches à effectuer ? Peuvent-elles constituer un frein ? Nous allons tout détailler ensemble, pour que vous puissiez vous lancer en ayant toutes les cartes en main.
Etude de marché et élaboration d’un business plan
La réalisation d’une étude de marché est une étape essentielle dans l’ouverture de votre friperie. Bien que fastidieuse, cette étape vous permettra de gagner beaucoup de temps (et d’argent) par la suite. Une étude de marché doit vous permettre de comprendre le milieu dans lequel vous allez évoluer, qu’il soit commercial ou géographique. Dans un premier temps, vous devrez analyser et comprendre les tendances sur marché, pour comprendre les besoins de vos futurs clients. Pour cela vous pouvez faire de la veille physique et digitale. Ensuite il vous faudra établir une carte dans un périmètre de quelques kilomètres pour déterminer quels sont vos concurrents et ce qu’ils proposent en matière de vêtements. Cela vous permettra de cibler plus précisément ce que vous souhaitez vendre.
Prenez du temps pour évaluer la viabilité financière de votre projet. En effet, après analyse de la concurrence et des besoins, vous devrez déterminer vos coûts initiaux (frais de lancement, achat de stock, assurances, loyer…), vos marges et vos prévisions financières pour les 3 prochaines années. L’identification de votre profil client type doit également servir de pierre angulaire au projet. En fonction du marché, de votre style et de vos tarifs, identifiez le client moyen qui viendra se fournir chez vous (âge, sexe, intérêts, capacité financière).
Vous devez avoir une vision claire de vos objectifs tout en vous laissant une marge d’évolution avec l’avancement du projet. Essayez de définir à minima trois objectifs à court, moyen et long terme pour votre friperie, et ajustez-les lorsque cela est nécessaire. Nous vous recommandons également de structurer votre projet en établissant un planning de toutes les actions à effectuer : planification, recherche de financement, achat de stock, évaluation des besoins à venir…
Toutes ces étapes vous permettront de vous lancer en vous appuyant sur des données concrètes et pas sur des intuitions, vous réduirez ainsi vos chances de déficit lors des premiers mois. C’est à vous d’identifier les risques et les menaces (en faisant une matrice SWOT par exemple). Toutes ces étapes mènent à la création d’un dossier solide, chose ô combien essentielle pour convaincre des investisseurs ou des banquiers lorsque vous en aurez besoin. Il sera le reflet de votre sérieux et de votre investissement, alors ne négligez pas cet aspect
Choix du statut juridique de votre friperie
Source : https://solutions.lesechos.fr/juridique/c/sarl-vs-sas-quelle-est-la-societe-preferee-des-francais-en-2022-33968/
Un des principaux casse-têtes pour beaucoup d’entrepreneurs est : quel statut choisir ?
Dans le cadre de l’ouverture d’une friperie physique les deux options les plus répandues restent la SARL (société à responsabilité limitée) et la SAS (société par action simplifiée). Nous allons donc nous concentrer sur celles-là.
Pour faire simple (vous trouverez plus d’informations précises sur des sites spécialisés), une SARL à plusieurs avantages et inconvénients.
Avantages :
- Un régime social avantageux lorsque vous êtes gérant majoritaire (peu de cotisations sociales)
- Une structure juridique simple, connue des banques et des fournisseurs ce qui facilite les emprunts et les relations avec vos partenaires commerciaux.
- Des formalités simplifiées avec un cadre juridique bien défini
Inconvénients :
- Peu de flexibilité dans la gestion, avec des prises de décisions plus encadrées, le rôle limité des associés…
- Des charges sociales importantes sur les dividendes (peu d’intérêt à se verser des dividendes en SARL)
- Des difficultés pour faire rentrer de nouveaux associés à cause des statuts.
Il en va de même pour la SAS, qui est aussi une option intéressante et à considérer.
Avantages :
- Une flexibilité dans la gestion (notamment sur les statuts)
- Une facilité pour lever des fonds auprès d’investisseurs (actionnaires)
- Une responsabilité limitée des associés selon leurs apports (le patrimoine personnel est protégé en cas de faillite)
- Une absence de charges sociales sur les dividendes sous une certaine limite.
Inconvénients
- Une complexité plus grande et des coûts plus élevés. Il faudra faire rédiger vos statuts par un juriste et vous faire accompagner par des experts comptables.
- Régime général pour le gérant (président) de la SAS ce qui engendre des charges sociales plus élevées comparé à une SARL.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise option, il faut faire selon vos besoins et votre entourage. Essayez de vous projeter à trois ans pour définir si vous serez toujours seul ou avec des associés etc.
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Immatriculation et enregistrement de l’entreprise
En France, l’immatriculation d’une société est obligatoire. Il vous faut donc vous inscrire au RCS (registre du commerce et des sociétés / infogreffe) afin d’obtenir votre numéro SIRET (carte d’identité de l’entreprise). Vous retrouverez toutes les démarches à effectuer sur le site du gouvernement (guichet unique) : https://procedures.inpi.fr/?/
Vous pouvez également vous dirigez vers un CFE (centre de formalité des entreprises) proche de chez vous pour obtenir des informations et faire le lien avec les administrations. Beaucoup de sites proposent des numéros de SIRET et une immatriculation rapide, mais faites attention aux arnaques. Nous vous recommandons de réaliser vos démarches sur les sites officiels de l’état, et de faire preuve de patience.
Réglementation spécifique à la vente de Seconde Main
La vente de vêtements de seconde main n’est pas l’activité commerciale la plus encadrée, mais il faut tout de même se conformer à quelques règles.
Pour cela vous devrez vous inscrire au registre des revendeurs d’objets mobiliers (oui oui c’est comme pour devenir brocanteur) en cliquant ici (https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F23207) et en remplissant le Cerfa n°11733*01. Il faudra le transmettre à la préfecture.
Vous devez aussi détenir un registre de police, que vous trouverez dans le commerce ou en solution digitale chez RAGZ en cliquant ici. Il faudra le faire signer par un commissaire de police ou par le maire de votre commune à la création de l’entreprise et à chaque changement de registre. Il vous permet de noter tous les vêtements mis en vente, leur prix etc.
Il faudra aussi rester vigilant sur l’hygiène. Bien qu’on ne puisse pas toujours laver les vêtements que l’on reçoit, nous vous recommandons de rester vigilants aux puces, aux traces de moisissures… pour éviter tout contentieux avec vos futurs clients.
Enfin, veillez à établir une politique en matière de retours, de garanties et de remboursement. Il faudra l’afficher dans votre boutique de manière visible.
Formalités administratives essentielles
On se demande souvent quelles démarches on doit effectuer pour ouvrir son entreprise, sa friperie. Effectivement, se noyer sous les papiers peut faire peur, mais en réalité vous n’aurez pas besoin de réaliser tant de démarches que ça.
Dans un premier temps, il vous faudra souscrire à des assurances professionnelles : entre autres une responsabilité civile et multirisque et une responsabilité civile locative pour couvrir votre local.
Vous serez également soumis à des obligations fiscales. N’oubliez pas d’être totalement transparent lors de vos déclarations. En cas de contrôle fiscal, il sera fortement apprécié que vous ayez une traçabilité claire. La grande question qui revient souvent c’est : ma TVA je la déclare comment ?. On va donc s’attarder un peu dessus.
La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) est un impôt indirect sur la consommation, prélevé sur la majorité des biens et services. En tant qu’entreprise, vous êtes responsable de collecter la TVA auprès de vos clients et de la reverser à l’État.
TVA pour une Friperie
- Taux de TVA applicable : Pour la vente de vêtements d’occasion dans une friperie, le taux de TVA normal (20 % en France) est applicable.
- Collecte et Déclaration : Vous devez facturer la TVA à vos clients et la reverser à l’administration fiscale. Chaque mois ou chaque trimestre (selon votre régime), vous devrez déclarer et payer la TVA collectée, en déduisant la TVA que vous avez payée sur vos achats professionnels.
Source : https://www.dougs.fr/blog/sasu-vtc/
Régimes de TVA
- Régime réel normal : Si votre friperie dépasse certains seuils de chiffre d’affaires (34 400 € pour les ventes de biens en 2024), vous êtes soumis au régime réel normal, ce qui implique de déclarer la TVA tous les mois ou tous les trimestres.
- Régime réel simplifié : Pour les petites entreprises qui ne dépassent pas ces seuils, vous pouvez bénéficier du régime réel simplifié, qui vous permet de faire une seule déclaration de TVA annuelle, avec des acomptes trimestriels.
- Franchise en base de TVA : Si votre chiffre d’affaires est en dessous d’un certain seuil (91 900 € pour les ventes de biens en 2024), vous pouvez bénéficier de la franchise en base de TVA. Cela signifie que vous n’avez pas à facturer ni à collecter la TVA, mais vous ne pouvez pas non plus la récupérer sur vos achats.
Vous allez aussi découvrir l’impôt sur les sociétés si vous êtes en SARL ou SAS. C’est un impôt direct prélevé sur les bénéfices des entreprises
Taux d’IS
- Taux normal : En France, le taux standard de l’IS est de 25 % sur les bénéfices.
- Taux réduit : Les petites entreprises peuvent bénéficier d’un taux réduit de 15 % sur la tranche de bénéfice jusqu’à 42 500 €, sous certaines conditions
Le paiement de l’IS se fait en plusieurs acomptes au cours de l’année, avec une régularisation lors de la déclaration annuelle. Cela implique une comptabilité plus complète et des déclarations fiscales plus détaillées, mais permet de déduire plus de charges et d’amortissements.
Dans le cas où vous choisissez l’option de l’impôt sur le revenu (IR) vos bénéfices sont directement imposés sur votre revenu personnel, avec une progressivité selon le barème de l’IR. Enfin, selon votre commune / ville vous devrez regarder les autorisations administratives nécessaires pour l’ouverture d’une friperie dans un local. Cela peut également concerner la modification ou l’aménagement du local.
Protection de la propriété intellectuelle et conformité RGPD.
Ici, nous vous proposons des démarches moins importantes au premier abord mais qui peuvent vous faire gagner du temps par la suite. Le dépôt de votre marque auprès de l’INPI peut s’effectuer en cliquant ici (https://www.inpi.fr/services-et-prestations/depot-de-marque-en-ligne). Cela vous permettra de ne pas vous faire voler votre nom et votre logo, notamment si vous souhaitez ouvrir d’autres points de vente par la suite.
Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données)vous impose de gérer les données personnelles des clients avec soin. Cela inclut les informations telles que les noms, adresses, e-mails, et historiques d’achat. Vous devez obtenir le consentement explicite des clients pour collecter leurs données et leur permettre d’exercer leurs droits (accès, rectification, suppression). La conformité au RGPD implique également de minimiser la collecte de données, d’assurer leur sécurité, et de ne pas les utiliser à des fins autres que celles pour lesquelles elles ont été collectées.
Cela commence par la rédaction et la communication d’une politique de confidentialité claire, détaillant comment les données sont collectées, utilisées, et protégées. Vous devez également implémenter des mesures de sécurité, telles que le chiffrement des données sensibles, des contrôles d’accès stricts… et former votre personnel à cela. La RGPD s’appliquera surtout dans le cas où vous avez une grosse friperie avec plusieurs employés, des programmes de fidélité, de newsletter…
Communiquer et promouvoir l’ouverture de votre friperie
Pour clôturer ce guide, il nous semblait primordial de vous parler de communication et des réseaux sociaux. Promouvoir sa friperie peut être une tâche complexe mais qui peut ramener énormément de clients si vous ciblez les bonnes personnes.
Au niveau légal, vous êtes obligé de publier une annonce légale dans un journal habilité. Cette étape est cruciale pour formaliser l’existence juridique de votre entreprise. L’annonce légale doit contenir des informations essentielles telles que la dénomination sociale, la forme juridique, le capital social, l’adresse du siège, l’objet social, et l’identité des dirigeants.
Vous disposez de plusieurs outils pour réaliser une communication efficace (ce thème fera prochainement l’objet d’un article détaillé). Pour faire simple :
- Les réseaux sociaux, notamment Instagram, Facebook (et LinkedIn si vous avez un réseau professionnel établi) vous permettront de toucher une large clientèle, notamment en faisant de la publicité et en mettant en place des concours.
- Les affiches / flyers physique, dans le quartier où vous vous établissez. Profitez-en pour offrir 10% de réduction sur présentation du flyer / post d’une story… pour toucher davantage de personnes en lien avec votre clientèle cible.
- Un événement pour l’ouverture que vous pouvez promouvoir quelques semaines à l’avance afin de susciter de l’engouement autour de votre projet.
Ouvrir une friperie demande une préparation minutieuse, tant sur le plan juridique qu’administratif. De la rédaction des statuts à l’obtention des numéros SIRET et RCS, chaque étape est cruciale pour assurer la conformité légale de votre entreprise. Le respect des obligations fiscales et des règles de gestion des données personnelles garantit non seulement la pérennité de votre activité, mais aussi la confiance de vos clients et partenaires. En suivant ce guide, vous pouvez poser des bases solides pour le succès de votre friperie, vous permettant ainsi de vous concentrer sur ce qui compte le plus : offrir à vos clients une sélection unique et de qualité.
